Pourquoi est-ce que la Reine est intitulée « Défenderesse de la Foi » au Canada quand nous n’avons pas de religion d’état? Est-ce que ce titre a quelque chose à voir avec le Droit divin des Rois?
Quand notre Reine est venue au trône en 1952, chacun de ses royaumes (les pays dont elle est Souveraine) a adopté sa propre formule pour se rapporter à la Reine d’une manière légale et formelle.
Pour le Canada, ce titre est établi comme suit :
Elizabeth II, par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires,
chef du Commonwealth, défenseur de la foi
Au Parlement du Canada le 3 février 1953, dans le débat sur le projet de loi proposant d’accorder ce titre à La Reine, le premier ministre Louis St Laurent a expliqué pourquoi le terme « défenseur de la foi » a été maintenu :
Dans notre pays [le Canada et les autres monarchies non-britanniques du Commonwealth] il n’y a aucune église établie, mais dans nos pays il y a les gens qui ont foi dans la direction des affaires humaines par la sagesse infinie de la Providence ; et nous avons estimé que c’était une bonne chose que les autorités civiles aient proclamé que leur organisation est telle qu’elle se porte à la défense de la croyancepermanente dans une puissance suprême qui commande les affaires des simples hommes, et cela pourrait n’être aucunement objecté raisonnablement parquiconque croit en un être suprême, d’avoir le souverain, le chef de l’autorité civile, décrit comme croyant et défenseur de la foi,pour un dirigeant suprême.
Contrairement à la perception erronée parfois véhiculée par les médias, la Reine du Canada—qui, personnellement, est anglicane (en Angleterre) et presbytérienne (en Écosse), deux nations qui ont une religion d’État officielle—ne joue aucun rôle officiel d’administration ou de représentation de l’Église Anglicane du Canada. C’est en fait la couronne canadienne qui garantit à tous les citoyens le droit d’adorer Dieu à leur propre manière, ou de ne pas le faire du tout. Le futur roi du Canada, Charles, le prince de Galles, a réfléchi tout haut que, comme monarque, il voudrait rendre le rôle de la couronne dans la défense de cette liberté plus explicite comme « défenseur des fois ».
Quelle est la différence entre reine régente et reine consort?
Notre Reine actuelle, Elizabeth II, souveraine du Canada, occupe le trône dans son propre droit, et elle est la personnification de l'État canadien. Ainsi, elle règne en tant que monarque, ou Reine régente pour utiliser le terme juridique. Une reine consort, d'autre part, est l'épouse d'un roi régent. Elle a le titre de reine par courtoisie et en reconnaissance du support qu’elle offre au roi de nombreuses façons. Cependant, elle n'a aucun rôle juridique et n’exerce aucun pouvoir. Beaucoup de Canadiens se souviendront d'une Reine consort très aimée, la reine Elizabeth qui, lors du décès du roi George VI, est devenue mieux connue sous le nom de la Reine Mère. En temps de paix comme de guerre, feue la reine Elisabeth servit le Roi et ses royaumes avec grâce et dévotion. Toutefois, durant ce temps, elle était reine consort et non reine régente.
Pourquoi parle-t-on des visites royales comme des "rentrées"?
Le Canada est un royaume – un des 16 pays du Commonwealth dont la Reine est chef d’État et chef de nation. Les membres de la famille royale ne viennent pas au Canada en visiteurs distingués de pays étrangers à la façon du président Obama, du pape ou du roi Willem-Alexander des Pays-Bas. Plutôt, ils rentrent ici en tant que membres de notre famille nationale laquelle sert le Canada sans interruption depuis la Confédération et même avant. Il n’y a rien de mal dans l’expression "tournée" royale mais nous estimons qu’il est important de souligner le rôle spécial que jouent les membres de la famille royale au Canada ainsi que l’attachement particulier des Canadiens et Canadiennes à celle-ci.
La reine est un monarque héréditaire. Je ne crois pas en cela. Personne n’est né meilleur que quiconque d’autre, parce qu’au Canada nous croyons que chacun est créé égal. Nous ne croyons pas aux droits hérités.
Personne ne prétend que la Reine soit « meilleure » que n’importe qui d’autre. Cependant, les monarques constitutionnels tels que ceux du Canada sont nés pour servir, et destinés vers une vie de service. À la différence de vous ou de moi, ils n’ont aucun choix dans leur destin. L’on pourrait penser à ça comme un sacrifice plutôt que comme un privilège. Chaque mot poussé, chaque mesure prise ou pas, et, trivialement mais véritablement, chaque nuance de robe ou expression seront filmés, distribués autour du monde et commentés à des moments—souvent inadéquats et parfois cruels—le long d’une vie entière. Dans ce sens nous pourrions admirer plutôt que désapprouver la tradition héréditaire de la couronne.
En même temps que l’accompagnement de ce destin inévitable est une autre réalité : la formation peu de temps après la naissance pour répondre aux fonctions et aux espérances du rôle de souverain. La plupart d’entre nous reçoit une éducation très générale, puis plus tard nous peut-être choisissons quelques spécialités pour étudier, mais pour finir très souvent dans un métier très différent que ce qu’on avait imaginé ou ce à quoi on s’était entraînés. Les monarques ont l’avantage de la préparation à long terme pour faire de leur mieux dans une tâche exigeante.
Il est vrai que certains de nos concitoyens renverront toujours un monarque héréditaire—mais d’autre part, selon les sondages, la popularité des premiers ministres élus et des présidents est habituellement à 20 points ou plus en-dessous de celle de notre Reine—pas un mauvais résultat dans un monde dontla critique à son endroit est intensifiée par les médias. Alors que personne ne peut réclamer que le principe héréditaire garantit de grands monarques, l’expérience canadienne durant les presque 150 années de la confédération suggère que cela reste la meilleure manière par laquelle nous pouvons assurer l’impartialité à l’apex des arrangements constitutionnels d’aujourd’hui, que les Canadiens ont choisi de réaffirmer en 1982, geste par lequel nous prêtions notre puissance au souverain pour qu’il l’exerce pour nous.
Une défense récapitulative très irrésistible du principe héréditaire a été faite par l’historien et l’éducateur canadien francophone, Jacques Monet, sj, dans son article « la monarchie canadienne » qui a été incluse dans
The West and the Nation: Essays in Honour of W. L. Morton :
Un roi est un roi, pas parce qu’il est riche et puissant, pas parce qu’il est un politicien réussi, pas parce qu’il appartient à une foi particulière ou à un groupe national. Il est roi par sa naissance.Et dans le choix à laisser le processus de sélection de leur chef d’état à ce dénominateur le plus commun dans le monde—l’accident de la naissance – les Canadiens proclament implicitement leur foi dans l’égalité humaine ; leur espoir pour le triomphe de la nature au-dessus de la manœuvre politique, au-delà du remous social et des intérêts financiers ; pour la victoire de la personne humaine.
Certaines personnes tirent leurs révérences aux personnages royaux tandis que d'autres ne le font pas? Qui a raison?
Tout d'abord, il doit être clair que, comme le salut dans les Forces canadiennes, la révérence est une marque de respect à Sa Majesté la Reine ainsi qu’aux membres de la famille royale, représentants de l'accomplissement de la Souveraine à travers le monde. Dans notre entourage et notre famille, il y a une grande variété de salutations différentes. Certaines gens sont tactiles et rapides pour étreindre et embrasser. D'autres sont plus formels et réservés. Chacun fait ce qui lui semble naturel, il n’y a ni bonne ou mauvaise façon de saluer quelqu’un. C'est la même chose pour ce qui est de l’étiquette. La reine a clairement mentionné, il y a quelque temps, que toute obligation de porter révérence n’existe plus. Cependant, beaucoup de Canadiens choisissent de faire cette marque très spéciale d’affection et de dévouement en raison de leur grand respect pour la Reine comme Chef de notre Nation. Ce geste est comparable à celui de se tenir debout et de se découvrir durant l’hymne national, ou encore de pencher la tête en signe de respect devant un cercueil ou de s’incliner à l’église. Aucune loi n’exige un tel comportement, cependant, beaucoup choisissent de démontrer leur respect par ce geste.